Le concept de dépendance alimentaire implique que certains aliments aient des propriétés addictives pour que les gens puissent devenir dépendant à ces aliments. Pourtant si ce concept reste très controversé au sein de la communauté scientifique, il est largement débattu dans les médias populaires. Cette médiatisation induit le potentiel problème que l’approbation de ce concept puisse amener les gens à percevoir un manque de contrôle sur leur propre alimentation ce qui pourrait promouvoir des comportements alimentaires nuisibles. Pour faire face à cette possibilité, la présente étude a examiné si l’exposition aux messages de la dépendance alimentaire augmente le nombre de participants qui s’auto-diagnostiquent comme dépendants alimentaires et si elle augmente la consommation d’aliments riches.
Dans cette étude les participants (N = 60) ont été divisés en deux groupes. Un groupe a lu un article qui prétendait que la nourriture est une « Réelle addiction » (état « Réel ») et un groupe a lu un article qui affirmait que la dépendance à la nourriture est un mythe (« Mythe » condition). Par la suite il fut évalué la consommation d’aliments riches (riches en graisse et au pouvoir calorique élevé) et pauvres (pauvres en graisse et faible pouvoir calorique) dans un test de goût déguisé. Suite à cela les participants ont complété une échelle d’auto-évaluation de la dépendance alimentaire, la « Yale Food Addiction Scale ».
Une proportion significativement plus élevée de participants dans l’état Réel se sont auto-diagnostiqués comme dépendants alimentaires par rapport aux participants de l’état Mythe (57% et 27% des participants, respectivement ; p = 0,018). La variabilité de la consommation de la nourriture appétissante était plus élevée dans l’état Réel que dans l’état Mythe.
Ces résultats suggèrent que l’approbation de la notion de dépendance à la nourriture peut encourager les gens à s’auto-diagnostiquer dépendants alimentaires et donc expliquer leur comportement alimentaire en termes de dépendance, c’est à dire comme échappant à leur contrôle. La mesure dans laquelle l’autodiagnostic de dépendance alimentaire influe sur la prise alimentaire réelle et comment elle varie en fonction du contexte et des différences individuelles reste à déterminer.
Référence :
Hardman, C. A., Rogers, P. J., Dallas, R., Scott, J., Ruddock, H. K., & Robinson, E. (2015). “Food addiction is real”. The effects of exposure to this message on self-diagnosed food addiction and eating behaviour. Appetite, 91, 179–184. http://doi.org/10.1016/j.appet.2015.04.052
Vous devez être inscrit pour lire la suite de cet article
Créer un compte